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le tango se corse
16 février 2006

Visite guidée

Chercher un appart à Bs As est une aventure assez éprouvante mais divertissante par moment. Le marché de la location est ultra actif, les propositions sont nombreuses, mais difficile de savoir en lisant l’annonce dans le journal sur quoi on va tomber. La règle numéro un à Bs As est que l’on peut avoir tout et n’importe quoi à n’importe quel prix. Donc, en écumant les petites annonces, j’ai visité des trous infâmes carísimo et d’autres vraiment fenómeno pour pas trop cher. Mais le plus drôle c’est le baratin typiquement portègne qui accompagne les visites.

Voici une de ces visites qui était un sketch quasi parfait.

La scène se passe dans un appartement du centre. Je transcris le discours du vendeur en gras et mes commentaires sur la réalité entre parenthèses. Tout est pratiquement dit d’une seule traite :

« Bonjour amigo, comment tu vas ? Bien ? Pas trop de mal pour venir ? (il m’accompagne par une légère pression de sa main sur mon épaule) Ça m’étonnerait. C’est un des endroits de BsAs les plus facile d’accès, à quelques cuadras du métro, et il y a des bus qui passent sans arrêt et qui mènent partout (En fait c’est le cas dans tout BsAs). Passe, je t’en prie, alors bon voilà, c’est un appartement extrêmement vaste (deux pièces minuscules et une petite cuisine) très lumineux (toutes les lumières sont allumées, il est midi) avec tout le confort moderne (allusion au réfrigérateur, trop haut pour rentrer dans la cuisine, qui tremblote en plein milieu du salon) : air conditionné (qui n’a pas été mis en fonction), télé par câble (il manipule la télécommande d’une télévision 22 cm de marque inconnue, une image parasitée se met à grésiller) plus de 30 chaînes dans toutes les langues (on s’apercevra plus tard que la connexion au câble est dans l’autre pièce). Des prises partout (en fait pas plus qu’ailleurs), Le parquet est super suave et il se nettoie très facilement (!!). Les pièces donnent sur la cours (l’appartement est situé au premier étage d’une tour qui en compte 10, la « cours » est le fond d’un puit de lumière plus que sombre). Les voisines sont des universitaires brésiliennes très sympas (clin d’œil appuyé). Voilà mon père, nous gérons quelques très beaux appartements comme celui-ci dans le centre. (Le père en question est immobile comme un rapace à l’affût, il me lance un sourire qui s’apparente à une grimace. Devant lui une mallette de film de gangsters. Visiblement le fils charge la barque pour assurer devant  son père. Nous sommes dans la capitale de la psychanalyse). La chambre, très calme avec un matelas de première qualité (il s’allonge sur le lit et fait quelques roulades énergiques de gauche à droite. J’ai du mal à réfréner mon rire. Il se relève et me dit soudain très sérieux :) En tous les cas promets moi que même si tu ne prends pas cet appartement, tu feras bien attention à la qualité du matelas, c’est vraiment très important. Il faut qu’il soit ferme mais pas trop et qu’il ne fasse pas de creux comme celui-ci (là c’est vrai le matelas est neuf, un bon vendeur doit savoir accentuer ses points forts). La cuisine est entièrement équipée à neuf (visiblement faux mais surtout, un énorme four à micro-ondes prend la moitié de l’espace vital. Devant mon air inquiet, il ajoute :) Bien sûr on peut l’enlever ou peut-être le remplacer par un plus petit si besoin est. Le chauffe-eau est capable de tirer de l’eau chaude pour des dizaines et des dizaines de douches et tout ça pour quelques piècettes. (la cuisine n’est pas l’endroit le plus glamour de l’appartement, nous passons vite au salon) Bon et bien voilà, les voisins sont très bien, des universitaires des avocats, des psychanalystes… Le loyer ? 1400 pesos avec absolument tout d’inclus (c’est un prix très élevé pour un meublé à Bs AS) vraiment une affaire à saisir, d’ailleurs aujourd’hui je fais des visites, un américain s’est déjà montré intéressé, si tu souhaites le prendre il faut te décider très vite. Des affaires comme celles-ci sont rares. (Le père sort très lentement de sa mallette, sûrement pour ne pas me faire fuir, un document tapé à l’ancienne sur une machine à écrire) Voilà si tu veux bien prendre connaissances des termes du contrat, il n’y a pas de petits caractères, tout est limpide. (devant mon souhait de « réfléchir » un peu, le père sort avec le même flegme une carte de visite) Voilà ne tarde pas trop car sinon l’affaire va te passer sous le nez. Bon et bien à très bientôt sûrement. (Dios mío)

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