Ouverture du VIII eme festival de tango

Raúl Barboza y Adrián Iaies

Le Festival est encore plus grand cette année. Sur une semaine, des concerts tous les soirs, des milongas avec orchestre, des expos, des cours gratuits en pagaille et la grande milonga dans la rue face à l’Obélisque.
Impossible de tout voir, mais dans l’ensemble, les concerts sont de qualité exceptionnelle. Il faut dire que la compétition dans le milieu tango est rude. Certains grands professionnels se retrouvent dans les férias du dimanche alors qu’ils étaient avant au Teatro Colon. On sent à la fois le poids de l’histoire car beaucoup de musiciens sont déjà dans leur âge d’or, mais aussi la grande vigueur d’un genre qui se renouvelle. Des nouvelles hybridations apparaissent, électro tango évidemment mais aussi des rapprochements entre tango et musique de chambre, tango symphonique, tango et jazz, tango et folklore.
Le Dorrego, endroit industriel un peu froid est le lieu des grands concerts du festival. C’est franchement dommage. L’acoustique est métallique, des poteaux dans la salle oblige le public à slalomer du regard, des écrans géants captent l’attention et transforment les auditeurs d’un spectacle vivant en téléspectateur. Heureusement sur scène, il y a le duo Raul Barboza (accordéon), Adrian Iaies (piano). Et là on oublie tous ces petits soucis. Baraboza est un folkloriste, spécialiste du chamamé. Iaies vient du jazz. Les folkloristes dégagent une énergie terrienne primaire, les jazzmen, de la subtilité et du swing. Ils se rejoignent sur un terrain : la spiritualité de leur musique. Alors que Barboza fracasse son accordéon pour libérer les hirondelles de son soufflet, Iaies, tire subtilement les fils d’un cerf-volant qui s’élève toujours plus haut. Ils improviseront un « Romance de barrio » d’une quinzaine de minutes, un moment d’éternité.