Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le tango se corse
24 septembre 2006

Fuerza Aerea S.A.

2006_09_23_fuerzaaerea

Enrique Piñeyro est un personnage singulier. Pilote d’avion de la compagnie LAPA, il quitta son poste en 1998 en s’opposant frontalement au laxisme dangereux de la direction en matière de sécurité. Peu après, le pire arrive :  Le 31 août 1999, 67 morts après le crash d’un 747 de la LAPA. Mais Piñeyro ne lâche pas le morceau, ni sur le terrain judiciaire, ni sur le terrain médiatique. Il écrit, réalise et interprète un premier film Romeo Zulu,  où il relate fidèlement les faits et où apparaît furtivement “el tigre”, le fameux milonguero, non pas en danseur mais en membre du staff technique au sol ! (Soit dit en passant, le même, joue un rôle poilant dans La fuga d’Eduardo Mignogna, pour le coup un véritable “Peliculón”). En guise de bonus au DVD, il réalise une enquête qui devient de fil en aiguille un documentaire à part entière : Fuerza Aera S.A.

Autant le dire tout de suite, le doc est excellent mais attention, il n’est pas pour les âmes sensibles. On sait peu que l’Argentine est un des seuls pays au monde (avec quelques pays africains) où l’aviation civile est encore sous la coupe militaire, la Fuerza Aerea.
Le démontage des mécanismes de pouvoirs destinés à enrichir les rebuts rancis de la dictature militaire est impitoyable. Par l’intermédiaire de caméras cachées, au sein de l’aéroport d’Ezeiza, le spectacle lamentable d’une structure en délabrement total apparaît brutalement : des radars hors d’age, du personnel sous formé qui bredouille à des pilotes étrangers éberlués un anglais de cuisine et qui ne comprennent rien à ce qu’on leur raconte, des aiguilleurs du ciel qui s’orientent au pifomètre, des systèmes de guidage essentiels (I.L.S.) en panne régulière….
Mais tout ça ne serait rien, s’il n’y avait cette satané fierté portègne, en l’occurrence ici ultra contre-productive. Même après les pires bourdes, même après les pires mensonges, elle permet de garder sa contenance, d’adoucir le tout par un trait d’humour et de faire comme si.
Le film est tellement brûlant qu’il a conduit le gouvernement de Kirchner, toujours prompt à se mettre dans le sens de l’opinion, à privatiser les compagnies aériennes argentines. Piñeyro plus fort que Michæl Moore !

Publicité
Publicité
Commentaires
le tango se corse
Publicité
Archives
Publicité