Porno
Porno est un documentaire expérimental de Homero Cirelli tourné en 2006. Le centre culturel MALBA, lui donne une nouvelle chance tous les samedi soir à minuit. Porno se présente comme un making-off d’un film triple X fauché, tourné dans une Quinta du Grand Buenos Aires avec des acteurs amateurs, des décors “ naturels ” et empaqueté tout compris en un week-end.
Le cinéma porno, est ce qui se rapproche le plus du documentaire animalier : les acteurs nus comme des animaux font des trucs d’animaux, sans plus ni moins de conscience. L’amateurisme et la naïveté, on pourrait dire, fondamentaux, de ses protagonistes, permettent d’accéder sans le filtre du jeu d’acteur à une vérité corporelle presque touchante. Comme souvent dans le cinéma, la pertinence et l’originalité du regard, outrepasse ce qui s’y raconte. L’intelligence de Cirelli est de se mettre lui aussi, en tant qu’observateur, au niveau de l’animal. Sa caméra, presque toujours rapprochée, semble capter avec autant d’intérêt, un arbre qui frissonne, le vol d’une mouche, le lait qui envahit lentement le carrelage ou une fourmi chargée d'une chips, qu’une séquence de sexe de groupe. Par cette vision fragmentée, le cinéaste parvient à mettre le spectateur dans un état anesthésie morale. L’ultra réel s’échappe vers l’abstraction. Tout s’égalise dans une sorte de chorégraphie panthéiste. Les acteurs apparaissent comme des êtres vivants, tout aussi respectables, aimables et sacrés que des chats, des chiens, des insectes de toutes sortes. La fameuse voracité argentine passe autant par la parole, le sexe que l’asado et les empanadas. Porno place l’éthique du spectateur dans une position de tension salutairement inconfortable.
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