NarcoTango en vivo

La ville de BsAs fait souvent dans la démesure quand il s’agit de festival : ce samedi, la nuit des musées offrait plus de 200 h de spectacle dans une même soirée dans pratiquement tous les lieux culturels de BsAs. Et du tango bien sûr. À choisir, entre des orchestres écoles, des jeunes formations atypiques ou de l’electro, j’ai finalement opté pour NarcoTango. Je les avais vus à la Viruta, mais ça datait de presque 2 ans. Leur premier album reste à mon goût, un des meilleurs du genre. Leur second m’avait déçu. J’y voyais l’illustration parfaite du syndrôme du second album : un groupe poussé par le succès de leur premier disque, sort le suivant précipitamment sans la maturation nécessaire. Du coup le second opus paraphrase le premier et s’y traîne un petit air de “ copier-coller ”. D’un autre côté, on peut aussi y voir l’affirmation d’un style …
Mais ce soir-là, toutes ces considérations critiques ont été balayées par ce qu’on pourrait appeler naïvement la magie de la musique. Au-delà des notes et des sons, un groupe transmet de l’énergie, des ondes, quelque chose d’immatériel qui soudainement s’incarne dans les poignées de spectateurs présents et les accorde avec les musiciens qui sentent en retour cette énergie et qui la pousse plus loin. NarcoTango c’est un peu du Di Sarli  électronique : une musique en apparence excessivement mélodique mais qui en réalité a les nerfs tranchants. Le batteur du groupe Fernando del Castillo est particulièrement renversant. Rivé au casque qui lui délivre le métronome, il parvient à humaniser les séquences des boites à rythme et à leur donner cette incroyable faculté d’avancer tout en maintenant un tempo implacable. Il s’octroiera un solo digne d’Art Blakey. La seconde surprise du spectacle fut la performance de Mario Rizzo, un danseur soliste au corps de caoutchouc. Son truc est une sorte de mélange de hip hop dégingandé, de michaeljacksonneries et de tango bien compadrito ! Le gars ouvre sûrement une nouvelle voie dans la performance scénique.

Photos : Victoria Gesualdi